L'Interview du Mois x Sem L'Ours

Ce mois-ci nous présentons Sem L’Ours, personnage atypique avec une identité forte et assumée, qui mélange le rap avec d’autres genres, se définissant comme l’initiateur du « Jizz Rap ». Jeune artiste émergent, il a sorti en Mars 2017 « DLC », son premier projet. Immersion dans un univers loufoque, où la joie et la fraternité sont les maîtres mots.
Qui se cache derrière Sem L’Ours ? D’où vient ce nom ?
Sem L’Ours c’est moi, je m’occupe des textes, je suis auteur interprète. A mes côtés y’a Vil La Truit’ c’est un musicien, multi-instrumentiste, et c’est aussi le technicien du groupe, il fait tout nos mix. Le groupe était initialement un trio avec Edward Stiglitz, c’est également un beatmaker, très porté sur le sample d’époque, il a un style plutôt old-school. C’est compliqué des fois de mêler les deux, quelques fois on fait que du sample, quelques fois que des instruments, ça dépend de l’univers, selon l’esthétique qu’on veut donner on s’adapte.
On s’est dit que pour le nom de groupe on jouerait à Shi-Fu-Mi entre Vil La Truit’ et Sem L’Ours et j’ai gagné. On aurait pu s’appeler Vil La Truit’. C’est moi qui ait gagné !
« Dans mon groupe y’a pas de talents, que des points faibles ! »
Dans quel genre on peut vous classer ?
On nous a souvent demandé ce qu’on faisait et on ne savait pas trop où se placer, alternatif j’aime pas trop ce mot, je préfère dire qu’on est décalé. Alternatif ça sonne très isolé, très underground, moi je m’isole pas, je veux me montrer à tout le monde.
Quels sont les messages que tu véhicules ?
C’est beaucoup de joie, c’est super humain, Sem L’Ours il ressort tout ce qu’il y a d’humain que ce soit dans la joie ou dans le dark.
Les thèmes clés de Sem L’Ours c’est la fraternité, le vice, comme les macdo, l’alcool et la drogue, l’amitié, la forêt, l’enfance, le numérique, l’école primaire, le quartier, l’amour c’est un thème récurrent… dans ma vie j’ai eu beaucoup de déception et je reste toujours content à la fin, c’est ce qu’on ressent dans ma musique. C’est expérimental, je teste des choses. Dans un précédent projet, qui étaient les prémisses de Sem L’Ours, c’était du rap expérimental, on faisait des choses en rigolant. Là maintenant on se cadre, on est sérieux.

Quels artistes ont façonnés Sem L’Ours ?
En musique la première claque que j’ai pris et qui m’a influencé c’est Le Klub des Loosers avec "La Fin de L’espèce", Le Klub des 7 aussi, c’est les premiers albums que j’ai vraiment écouté. Sur « Posey dans ma Bentley » sorti dernièrement y’a des influences Mac DeMarco, c’est du Jizz Jazz, nous on fait du Jizz Rap, c’est notre référence. Ca permet d’être crédible quand on parle de Jizz Rap (rires). J’aime beaucoup Fabe aussi, ca contraste pas mal avec Le Klub des Loosers mais j’aime vraiment les deux. On m’a fait écouté Damso y’a un an a peu près et j’ai trouvé ça ouf. Et à partir de là je suis rentré dans le 21e siècle, dans la trap, dans les nouveaux genres de rap. Je ne suis plus un puriste, j’ai oublié la notion de style, je m’en fous maintenant. J’adore Vald aussi, ce côté « bas les couilles » on fait des sons pour l’entertainment.
« Pour faire du Jizz Rap faut être dénué de concept, je peux pas tellement définir le Jizz Rap, parce qu’en fait le Jizz Rap, c’est Sem L’Ours »
Si j’en crois tes influences tu aimes les personnages atypiques, comme Vald, Leo Roi, Biffty… Est ce que tu te places sur cette même scène ?
J’adore Vald, il m’influence pas mais je kiffe. Son morceau « Désaccordé » il m’a cassé en deux, je veux pas lui faire trop de pub mais faut avouer qu’il a trouvé le divertissement ultime, tu peux l’écouter en boucle et tu t’étonnes de l’écouter encore. Vald pour moi c’est une opportunité, il modifie l’oreille des gens, c’est le genre d’artiste qui m’ouvre des portes. Il a ouvert une brèche, ça me rappelle le rap alternatif d’avant, ça a touché des gens mais ça a pas explosé, comme le Klub des Loosers.
Hormis la musique, qu’est ce qui influence Sem L’Ours ?
J’me suis rendu compte que ma musique était beaucoup influencée par les dessins animés que j’regardais quand j’étais petit, genre Code Lyoko, Titeuf, Martin Mystère, tout ces dessins animés avec une bande de potes qui sont en cours ensemble, je trouvais ça ouf, il se passe des trucs extraordinaires. C’est un peu ça Sem L’Ours, on est des potes aux histoires extraordinaires.
En live comment vous fonctionnez ?
En allant à Class’Eurock on a eu un problème avec Edward Stiglitz qui a été en garde à vue et qu’on revoit plus… du coup on a du changer la composition scénique. Avant j’étais l’homme au premier plan et eux derrière, maintenant on est les deux devant avec Vil La Truit’, lui à la guitare et aux backs, ça donne plus de peps. C’est la composition finale de Sem L’Ours je pense, celle qui va tout casser.

Tu es toujours en liste pour le tremplin « Class’Eurock » ? Tu as d’autres tremplins en vue ?
On fait partie de la sélection des 16 groupes de PACA. Je suis toujours dans la course, pendant une semaine on a travaillé intensivement la scène, la production, on a retravaillé un morceau, j’ai appris énormément de choses et en sortant j’suis devenu un monstre. J’ai changé, j’suis devenu une autre personne. On se prépare à fond pour le 21 juin, si on gagne y’a une tournée en Europe à la clé, on va en Islande, au Maghreb… Faut qu’on casse tout.
J’aimerais bien prochainement m’inscrire aux Inouïs du Printemps de Bourges. J’me suis inscris cette année et j’ai pas été pris, mais je sais que c’est logique. Je suis sur la route de la victoire, je le sais depuis le début, je me mange des échecs mais je sais que c’est là que je devais aller. Je crois à ma bonne étoile.
J’ai foiré les Before aussi, un jour j’ai croisé Ghislain de Da Storm qui m’a demandé si j’étais inscris et j’ai réalisé que j’avais foiré l’inscription. J’ai zappé les Before du coup, mais l’année prochaine sûrement.
Sem L’Ours, c’est essentiellement de la musique de Live ?
Sem L’Ours c’est beaucoup de musique de Live, on essaie de faire des morceaux plus posés pour toucher les gens et les emmener vers nous. Quand j’ai commencé la musique je voulais faire des concerts, je savais même pas dans quel genre je me placerais mais je voulais faire des concerts. J’en arrive là maintenant, 5 ans après. J’étais un personnage avant d’être artiste, et tout le monde me poussait à faire de la musique. Du coup j’en ai fait, et ça marche !
Vous ne correspondez pas aux codes traditionnels d’un genre ou d’un autre, vous êtes pour ainsi dire « inclassable », est ce que ça vous permet d’aller au bout de vos idées artistiques ? Est-ce que ce côté loufoque vous permet de prendre plus de risques qu’un personnage « sérieux » ?
De base je suis une personne assez atypique, c’est inné chez moi de ne pas avoir les mêmes codes que les autres. J’ai remarqué ça au lycée, on me laissait toujours sous entendre que j’étais différent et c’est un truc qui me persécutait. Je voulais vraiment être comme les autres ! Mais maintenant j’accepte cette réalité et je mets ma vision de la vie au profit de ma musique.
Je ne pense pas vraiment à la prise de risques lorsque je fais mes morceaux, généralement Edward ou Vil la Truit’ me donne une instru’, soit je la kiff’, soit ça passe à la trappe. Je veux vraiment que chaque morceau soit efficace tant par le texte que par l’instru pour qu’il soit sur un projet.
Mais c’est vrai que le fait qu’il y ait plusieurs styles dans le projet D.L.C par exemple est une prise de risque énorme, mais c’est un choix que j’assume.
« Je pense qu’il faut être une personne atypique pour faire une musique qui sort du lot »
Vous avez bénéficiez du dispositif Manu, tu peux m’en parler ? Bonne expérience ?
A la base nous on vient d’Avignon - Carpentras, et en prévision de la sortie de DLC j’envoie un message à Paloma, parmi d’autres salles, et Clotilde me dit que si je suis prêt à passer les voir elle me reçoit en rendez vous. On se rencontre et elle me dit de revenir quand on sera prêt. A la sortie je vais emmener mon CD à Paloma lorsqu’il sort, et je m’inscris au dispositif MANU sans penser qu’on serait pris. Mais on a été pris.
Ça a tout chamboulé dans le groupe, fallait travailler et c’est devenu très sérieux. Ça m’a aidé à créer un live, j’avais aucune technique et là à force de travail je maîtrise les techniques de live, et j’ai de très bons conseils. Depuis que j’ai fait l'accompagnement à Paloma je suis passé d’artiste caché dans sa cave à artiste émergent, ça a été le déclic. Je félicite vraiment le système d’accompagnement de Paloma, on a fraternisé avec eux, avec tout le monde, c’est une super équipe.

Tu as sorti DLC, un premier projet à la couverture graphique qui rappelle les jeux vidéos d’époque. L’acronyme DLC, que signifie il dans ton cas ?
DLC qui veut dire Download Leviathan Complete, autrement dit téléchargement du léviathan complet, c’est un titre qu’on a décidé ensemble, où le Léviathan désigne Internet, c’est une métaphore sur le numérique.
Comme tu peux le voir ce CD je l’ai fait pressé à 100 exemplaires, j’ai même bosser les outils de comm’, j’avais vraiment envie de faire les trucs à fond. J’ai fais des poster du turfu ! Il va couter cher celui là, édition limitée, je le donne aux proches mais dans 10 ans il va coûter au moins 10 euros ! Les visuels sont de Vil La Truit’ & Edward Stiglitz.
Le projet est sorti le 4 Mars 2017, tu as pu accumuler de l’expérience depuis, est-ce que tu sors un projet prochainement ?
Je réfléchis parce que c’est compliqué, j’ai des morceaux qui ont du potentiel mais que j’ai pas exploité à 100%. Je me rends compte que j’ai progressé et j’ai pas envie de gâcher ça, j’ai envie de passer Sem L’Ours en HD si je puis dire. Le soucis des projets c’est pas d’être productif, c’est d’avoir une ligne conductrice, on en a une, mais il faut du temps. Il faut voir ce qu’on veut montrer aux autres aussi.
Retrouvez Sem L’Ours en concert le 14 juin à L'Instant T de Nîmes et le 21 Juin à Aix-en-Provence, Place Mirabeau, pour la finale du tremplin Class'Eurock !
Vous pouvez suivre toute l'actualité de Sem L'Ours sur Facebook.
Merci au groupe pour sa disponibilité, sa sympathie, et sa bonne humeur communicative !
On se quitte en musique avec la version live de "Posey sur ma Bentley", capté à Paloma.
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