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L'interview du mois X Harold Martinez

Le 18 Mai, nous avons rencontré Harold Martinez à Paloma, à l'occasion de la fête de lancement du label Trou Noir Disque. Cette soirée a également été l'occasion pour Harold Martinez de présenter son nouvel album The Grim Reaper. Cet album rend hommage à Michel Garcia, leur défunt ingénieur du son. Laissez-vous emporter par une ambiance sombre et envoûtante, accentuée par la voix torturée d'Harold Martinez.

Qu’est ce qui vous a poussé à faire de la musique ?

Harold Martinez : C’est mon père qui m’a fait écouter de la musique, et beaucoup le skateboard aussi. Notre passé de skateur nous a ouvert beaucoup de portes musicalement. Le skate à l’époque était assez ouvert au rock’n’roll, au rap. Il y a un truc qui coordonnait tout ça, et Jimi Hendrix. On a grandi avec la culture underground.

Comment est né ce projet ?

Harold Martinez : Je gratouillais dans ma chambre comme plein de gamins. Le premier album était un hommage à ma mère. Je l’ai écrit et je l’ai fait écouter à Fabien. Fabien ça fait plus longtemps que moi qu'il fait de la musique et qu’il produit ses propres disques. Je lui ai fait écouter en tant qu’ami, ça lui a plu, ça a déclenché l’envie de l’enregistrer chez lui et d’en faire quelque chose de concret.

Harold Martinez c’est plutôt un groupe, ou vous êtes accompagné de musiciens ?


Harold Martinez : Comme j’ai commencé tout seul, j’ai fait deux concerts seuls, je ne voulais pas prendre un nom particulièrement extravagant, j’ai gardé mon nom et prénom. Ensuite, comme le premier album, celui de l’hommage à ma mère, est sorti sous le nom d’Harold Martinez, et que ça à marché, on a gardé le truc. Fabien a joué le jeu de supporter ça aussi.

Fabien : Mon égo me permet de supporter ça. Il y a des gens qui pensent par contre que nous sommes « Les Harold Martinez ».

Vous pensez à l’avenir être plus de deux sur scène ?


Harold Martinez : Non, je te dis non là, mais après tout peut arriver, mais actuellement non.

Fabien : Après il peut y avoir des interventions comme il y en a déjà eu.

Harold Martinez : Les interventions le peu qu’on a fait c’était ici (Paloma). On répète ici, ça demande beaucoup de travail. Souvent on travaille tous les deux, on aime le live et on avait travaillé le violoncelle. Et c’est vrai que c’est un travail de résidence.

Il y a d’autres gens qui gravitent autour de vous deux sur ce projet ?


Harold Martinez : Plus maintenant non, au début oui on a eu un copain manager, un producteur, un tourneur. Aujourd’hui il n’y a plus de tourneur mais il reste un distributeur. Ce qui est bien, pour cet album, le but c’était qu’il sorte pour l’hommage de notre ami. Le reste viendra ou ne viendra pas, c’est autre chose. Mais c’était important que cet album sorte proprement, et qu’il ne tombe pas par terre. Là il est en Angleterre, en Australie, sur des plateformes partout, il tourne pas mal.

Justement il y a plusieurs articles dans la presse, notamment Rock’n’Folk, quel effet ça vous fait ?

Harold Martinez : Rock’n’Folk, comme beaucoup de magazines, si tu n’as pas un attaché de presse ou quelqu’un qui a une influence sur la presse médiatique tu finis dans une petite chronique à a fin. Ce qui est très agréable déjà, mais c’est à la fin du Rock’n’Folk. Après c’est une phrase que tu reprends pour te vendre parce que forcément c’est très percutant. Moi le premier quand j’allais à la Fnac acheter des CDs et que je voyais « Rock’n’Folk a dit» c’est sûr que t’y vas. Et franchement pour être honnête on a pas eu grand-chose, on a eu beaucoup de retours, de blogs, qui ont été très touchants car c’est des gens qui ont écouté avec leur cœur, et qui ont fait un retour sur l’album. Mais Rock’n’Folk, et les autres magazines spécialisés, ils sont très professionnels et ils n’ont pas le temps de s’étaler sur des petits groupes, donc ils sortent trois quatre phrases. Mais c’est très agréable. On a une connaissance qui écrivait pour Gonzaï avant, il avait la plus belle chronique, parce qu’il s’était lâché comme s’il parlait de ses frères de guerres. Il avait découvert un truc et c’était très touchant. Concernant les blogs amateurs, c’est touchant de lire ça, ce sont des gens qui aiment ou qui n’aiment pas mais qui ont pris le temps de décortiquer. Pour un bon couillon que je suis, je reçois encore Télérama toutes les semaines. J’aime beaucoup car il s parlent de tout. Je préfère ça que les Inrocks et tout. Ça me touche plus et il parle beaucoup de cinéma, les Inrocks aussi d’ailleurs. Ils cassent bien, ils ont toujours une rubrique où ça fracasse. Même sur les musiciens, ils ont la place de les mettre, mais en plus de leur mettre un petit coup.

Je trouve que votre style de musique se démarque de ce que l’on a l’habitude d’entendre, quelles sont vos inspirations ?

Harold Martinez : C’est toujours la carrière de Nick Cave qui m’intéresse. Il a une carrière complète, on parle de punk toxicomane qui vit à Berlin complètement destroy. J’écoutais ça j’avais 15 ans. Ils sont encore là vingt ou trente ans après. Maintenant c’est Reservoir Dogs, ils sont tous hyper classes ; ils ont pris soin d’eux, et ils font une musique qui touche quelques millions ou milliards de gens. C’est une référence que j’ai dans ce côté esthétique musicale, hyper fort dans le rock, et hyper doux dans les compostions. Après je pourrais te citer les Doors qui nous ont bercé.

Avec l’ambiance de l’album, le ton de la voix, on ressent un côté assez sombre et envoûtant, quel message vous voulez faire passer ?


Harold Martinez : C’est plutôt le côté sincère. Je ne ferai pas de résidence pour que les émotions passent. Je raconte une histoire un peu triste, où là c’est l’hommage d’un pote, donc la mort, les fantômes et tout. Quand tu ne triches pas, ça transpire tout seul. C’est ce qui fait aussi notre lien à tous les deux avec Fabien, il comprend ce que je fais, c’est rare qu’on se dise oui ou non, on se regarde et ça part tout seul. Les émotions musicales, les sons, les mots. Dans le prochain album s’il voit le jour, il est déjà écrit, j’aimerais essayer de me détacher un peu de ce côté hommage. C’est un truc qui est un peu compliqué avec le temps. Quand tu racontes une histoire c’est plus facile. Là c’est une histoire mais sur quelqu’un qu’on aimait beaucoup, ça ramone beaucoup. Là c’est bon c’est fini.

Est-ce que vous pouvez nous expliquer la pochette de l’album.


Harold Martinez : C’est le graphiste Christophe Blanc, un copain à nous, qui a fait les trois pochettes. L’idée c’est de garder le même graphisme. Les deux premiers dessins du premier album et du second, c’était des vieux dessins qu’il avait fait mais qui collait à l’esprit, le côté cowboy pendu, tout ça. Le troisième c’est un nouveau dessin qu’il a créé très vite ; il a fait un genre de melting pop, c’est encore le cowboy qui s’est transformé en mort, qui revient faucher tout ça. On reste dans l’esprit cinématographique de la mort.

On a l’impression que vous avez une voix vibrante quand vous chanter. Comment ça vous est venu de chanter de cette manière-là. Est-ce que ça vous aide à transmettre des émotions au public ?

Harold Martinez : Je ne me force pas, c’est ce qui plait ou déplait, c’est comme l’accent anglais que je n’ai pas travaillé. Je fais comme j’ai envie. C’est un vibrato que j’ai de la gorge. Parfois ça joue des tours il y en a qui en ont marre, d’autres qui adorent. Je le contrôle apparemment un peu plus qu’avant. Mais comme en ce moment on joue pas beaucoup, je sais plus trop si je le contrôle encore ou pas, on verra bien ce soir.

Du coup les paroles de cet album sont centrées sur l’hommage de votre ami ?

Harold Martinez : Le sens des paroles oui, ça parle presque que de notre ami Michel Garcia, qui était notre ancien ingénieur son. Un monsieur qui nous épaulait beaucoup, qui nous a élevé. Quand il est mort j’ai eu l’idée d’écrire une histoire sur lui. Il y a des morceaux qui parlent encore un peu de ma mère. La plupart parlent de la perte, du manque. Si tu lis les trois albums ça parle un peu du même monde, des fantômes.

C’est vrai que quand on écoute les trois albums, on sait que c’est de la même personne.

Harold Martinez : C’est vrai, mais le dernier j’aurai jamais cru. Dans la dernière chronique de « adopteundisc » ça parle encore de western, alors que je n’avais pas cette idée. Mais on fait ce qu’on est. Tu ré-écoutes et tu te dis « Ah oui c’est vrai ». C’est mon identité, je ne peux pas renier ce que je fais.

Depuis combien de temps vous travaillez cet album ?

Harold Martinez : 2016, il est mort il y a trois ans, pile poil là à deux jours près. Après c’est un peu vicieux mais j’ai pensé faire une sortie d’album le jour où il est mort, au moins t’enfonces le truc jusqu’au bout puis on va tous au cimetière. J’ai commencé à écrire en septembre 2016, à me demander si oui ou non, si j’ai le temps ou pas. S’en est suivi un an d’arrangements chez Fabien, puis un an de masters. Mais un an c’est une heure par ci, deux heures par là. On a été pressé que par nous-même.

J’ai vu que vous avez fait quelques dates un peu partout en France, qu’est-ce qui vous a fait décoller ?

Harold Martinez : C’est le tourneur qui a fait un bon boulot, il y a beaucoup d’artistes, peu importe ta discipline, où t’as des moments où tu deviens plus connus que d’autres. Il y a eu un petit pic pour la fin du premier album, début du second, on a fait la première partie des Black Keys, ça fait parler de toi. Les nuits de Fourvière aussi avec Nick. Tout ça fait que tu as une bonne presse. Et d’avoir un tourneur qui te fait tourner dans des bonnes salles ça te fait avancer, fini les pubs où les gens boivent un coup, t’écoutent à moitié, et avec un son pourri. Puis lorsque notre ami est mort, ça a marqué une pause.

Vous allez repartir bientôt sur des prochaines dates ?


Harold Martinez : Ce n’est pas prévu encore. On attendait de voir l’effet de l’album, toute la communication qu’il faut faire autour. On verra, peut-être que oui, si tout se passe bien, qu’on nous propose des trucs qui nous conviennent à tous les deux.

Vous préférez le live ou le studio ?


Harold Martinez : Le live c’est sûr. J’ai une phase de préférence c’est quand j’écris, et que je compose, et que toutes les idées coïncident avec une mélodie et des mots, t’es content à la fin, c’est comme faire un plat. Je le propose ensuite à Fabien qui lui met des sons. Après au-delà de ça, ça me dépasse, c’est un travail de prod et de master. Et le studio quand on est tous les deux ça va mais je ne suis pas un gros travailleur de studio, c’est difficile. Il faut s’appliquer mais en même temps se lâcher. Le dernier album qui devait remplacer celui-ci, on voulait faire un gros live rock’n’roll. L’idée c’était de lâcher les chevaux, mais ça se fera surement sur le prochain album.

Il y a un artiste dont vous rêvez de faire la première partie ?

Fabien : ça serait plus des rencontres que des premières parties. Les grosses premières parties t’es flippé, tu profites moins. Tu n’as pas le temps d’apprécier. Mais rencontrer Nick Cave, ça serait bien.

Vous pouvez nous en dire un peu plus sur le contexte de la soirée avec le label Trou Noir ?


Harold Martinez : Ce soir l’idée, c’était de présenter son magasin de disques et son projet de label. L’idée c’était de programmer les deux groupes qu’il a « signé ». C’est des copains à lui de Paris, c’est un clin d’œil, ce n’est pas un label qu’il a depuis un an. C’est plutôt une fête. Au début on voulait faire des grillades, mais ce n’est pas possible. On voulait vraiment garder le côté patio par contre. Le club c’est chouette aussi, il y a un bon son, mais il y a le côté tu rentres, tu sors…

Qu’est ce qu’on peut vous souhaiter pour la suite ?

Harold Martinez : Des concerts professionnalisant, où tu peux mettre en valeur ta musique, pas des lieux à l’arrache. C’est super de jouer dans des bars mais c’est difficile quand tu veux jouer des ballades, de se retrouver seul c’est hyper blessant. Malheureusement tu fermes aussi des portes. Tu pourrais te dire « on part une semaine jouer dans les rades ». Mais si ça te blesse plus que ça t’apporte ce n’est pas la peine. C’est trop difficile, il faut un minimum de confort.


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