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L'interview du Mois x Poisson rouge


Ce mois-ci nous avons rencontré le groupe Poisson rouge, composé de Yannick et Thierry. Sur scène, le premier joue de sa voix, des percussions et du sampler pour se fondre dans les rôles et les personnages qui naissent de cette musique iconoclaste et généreuse aux vagues électro, funk, rock, ethniques ou trad. Elles vont et viennent au gré des humeurs de Thierry et de sa guitare qui fait éclore une musique à la fois riche et légère, dansante et envoûtante. Poisson rouge, c'est une plongée inexorable dans l'univers d'un duo aux multiples facettes que nous allons vous présenter !


Si votre mémoire ne vous fait pas défaut, pourquoi le nom de « Poisson rouge » ?


Yannick : Justement, on a oublié. Quand on a commencé à travailler ensemble, avant d’avoir des morceaux bien précis en tête on a fait du boeuf, d’une semaine à l’autre on se demandait ce qu’on avait fait la semaine d’avant, et le truc qui revenait de longue c’est « On a oublié ». Ça nous faisait rigoler. On s’est appelé Poisson rouge dans la foulée.


Quand avez-vous commencé à travailler ensemble ?


Thierry : C’est un concours de circonstances, il faut dire qu’on est nés indirectement de La Fête de la Voie Verte à Sommières (30). Y’a à peu près 1 an et demi s’est tenue une grosse fête à Sommières avec l’ouverture de la voie verte, organisée par une association qui a réussi à faire jouer quasiment tous les musiciens de la ville gratuitement. On s’est greffé sur cet évènement, on répétait depuis un certain temps, on commençait à monter nos projets, et quand on a entendu parler de cet évènement ça nous a motivé à finir plus vite que prévu.


Quel est votre passé chacun de votre côté ?


Thierry : On a fait diverses choses comme la compagnie Malabar où on a travaillé ensemble. C’est une compagnie de théâtre de rue qui a énormément tourné pendant longtemps et qui s’est arrêtée il y a quelques années. J’ai aussi joué dans pas mal de groupes de rock en tant que guitariste.


Yannick : J’ai un lourd passif dans la musique brésilienne et pas seulement la batucada. J’ai eu envie de proposer autre chose, et Poisson rouge est tombé à point nommé.


Comment se fait votre travail d’écriture ? Qui compose, qui écrit ? Quels sont vos rôles dans le groupe ?


Yannick : Thierry est arrivé avec un gros stock de compositions qui ont servies de base de travail. J’ai complété avec les percussions et progressivement le chant a également pris place. Thierry arrange ensuite tous nos morceaux.


Thierry : Ça fluctue pas mal avec le temps, c’était souvent moi qui proposait des pistes mais c’est de moins en moins vrai. On a tendance à lancer des bases en improvisant et en bricolant. Maintenant on est vraiment sur les textes et sur le chant, on travaille ça en commun. On expérimente au moment d’enregistrer et on retouche éventuellement. Techniquement j’y passe un peu plus de temps mais le processus de décision est toujours le fruit d’un travail commun.


Comment qualifieriez-vous le style musical de Poisson rouge ?


Yannick : On s’est arrêté sur l’étiquette Electro-Funk parce qu’on a vu qu’on était incapable de se définir, on a sollicité le ressenti du public et ce qui revenait le plus souvent c’était Electro-funk. On passe par tellement d’univers que c’est très dur pour nous de se coller une étiquette, ça cloisonne alors qu’on veut vraiment s’ouvrir au maximum.


Thierry : On ressent la nécessité d’avoir un genre sous lequel se présenter quand on rencontre quelqu’un qui ne nous connait absolument pas. C’est dans ce sens qu’on a choisi de s’arrêter sur le terme Electrofunk. Electro pour la séquence qui est omniprésente et funk dans le sens où c’est plus varié que la définition d’un vrai groupe de funk. On a la volonté d’avoir quelque chose qui se danse, qui soit dansant, qui fasse onduler des postérieurs.


Y’a une envie que chacun interprète vos morceaux comme ils le sentent ?


Yannick : C’est une bonne finalité, si quand tu es artiste et que tu livres ta création le public arrive à l’interpréter par eux même sans que tu les diriges, moi je dis banco. Ça veut dire que ta réalisation est compréhensible, qu’elle parle aux gens et qu’elle va les motiver à avoir un effort de réflexion intellectuelle sur ce que tu leur proposes.


Thierry : De façon plus simple aussi, ça correspond aussi à ce qu’on est. Des idées j’en ai plein, est-ce qu’elles sont vraiment partageables ? Est-ce qu’elles valent vraiment le coup ? J’en suis moins sur. Y’a évidemment des constats de situations et des choses à dire. Je suis pas militant politique, je dirais pas aux gens ce qu’ils doivent penser. Mais je pense que c’est pas inconciliable.


« Quand tu fusionnes deux univers et que la mayonnaise prend c’est le fameux 1+1=1. »


A l’heure actuelle j’ai l’impression que l’on découvre davantage de nouveaux artistes par internet que par la scène, c’est souvent après avoir entendu un morceau en ligne que l’on a envie de voir le live, pourtant dans votre cas je suis tenté de penser que c’est l’inverse, vous êtes discrets sur Internet et pourtant bien présents sur la scène locale où vous enchainez les dates, comment l’expliquez-vous ?


Yannick : De notre passé on a une spontanéité par rapport à la scène, on est issu du théâtre de rue et c’est un milieu où si tu n’assumes pas à 200% ce que t’es, si tu n’as pas le goût du don et de la communication, ça ne marche pas. C’est ce qui fait notre force et on est sur de ça, c’est le truc où on ne doute pas. On a ce truc pour toucher le public en plus de la qualité du son. On va l’emporter pendant 1h30 et on ne le lâchera qu’à la fin.


Thierry : Je trouve aussi que la façon de faire de Yannick est assez théâtrale, il va brancher les gens, entre deux morceaux il peut raconter ses galères de points de permis, ça fait parti du jeu et j’aime bien ce côté sketch.


Yannick : Je pense qu’on répond aux besoins du public d’avoir des artistes vrais. Ils ont consommé cette période où on le surnourrit d’images et de fakes. Je pense qu’aujourd’hui les gens ont laissé tombé l’ordi et ont besoin de sortir la tête de l’écran et de voir en face d’eux des vrais gens, qui ont des vrais trucs à dire.


Vous commencez à être structurés ?


Yannick : On a Elina qui nous assiste à la com’, Anaïs pour tout plein d’autres choses, et d’autres personnes qui nous soutiennent régulièrement, c’est aussi ça la force de Poisson Rouge. On a déjà pensé à se structurer car on sait qu’on ne peut pas tout faire à deux. On n’est pas bons pour ça, même pour le démarchage, tu as raison de dire qu’on a trouvé pas mal de dates, Thierry s’est arraché pour ça.


Thierry : On est particulièrement mauvais commerciaux. en plus de ça tout le temps qu’on passe là dessus on ne le passe pas à faire de la musique.



Vous venez de Sommières où le vivier d’artistes est impressionnant et en plein dynamisme, notamment avec l’AGAM qui a édité une compilation réunissant 17 groupes locaux. Que pensez-vous de cette initiative? Que vous apporte-t-elle?


Thierry : Pour l’instant ça débute mais on a rencontré des tas de gens. Ça nous donne envie de collaborer sur des projets ponctuels, faire des mélanges entre groupes. Le côté rencontre etc, c’est très bien.


Yannick : L’AGAM pour moi c’est un acte politique. Quand on a discuté avec Kat et Guillaume de l’AGAM, la motivation première était de se fédérer, de se rassembler, pour avoir du poids sur les institutions pour appuyer les demandes. Un exemple simple, sur Sommières il y’a 17 groupes de musique semi-amateurs voire professionnels et il n’y a pas un seul local de répèt’. La finalité c’est d’avoir une visibilité, montrer qu’on existe. On a fait des propositions pour créer des évènements, pour faire des collab’ avec des groupes qu’on kiffe vraiment, parce que y’a du niveau, Space Cowboy, Brainstorming entre autres ont vraiment du bagout.


Thierry: On savait déjà qu’il y avait quelques groupes vraiment valables mais il est apparu aussi des artistes que personne ne connaissaient et qui sont vachement valables aussi. Marin Esteban par exemple qui a joué avec nous au Puech. Ici personne ne le connaissait, il s’est manifesté quand il a entendu parler de l’AGAM et il a enregistré un très bon morceau. Il est ensuite monté sur scène dévoiler son travail. Son univers est vraiment original. Ça fait aussi apparaitre des talents comme ça qui sont très bien.


Yannick : C’est un rouleur compresseur ce qu’il fait. Il a joué 20 minutes, pendant 20 minutes j’ai fermé ma bouche et j’ai écouté.


En parlant de concerts, vous avez des concerts à venir ?


Thierry : On a quelques concerts à venir dont un pour les 50 ans du CART à Sommières qui est le centre de loisirs et d’hébergements. C’est un endroit important de Sommières, social et solidaire dont on ne peut que soutenir la démarche. On est vachement content de jouer là bas, d’être associé à cet établissement pour les valeurs qu’il défend.


Yannick : On essaie également de venir jouer sur Nîmes avec l’Instant T, le Prolé, le Seven Hill…


Dans votre démarche de professionnalisation quelles sont les étapes que vous imaginez?


Yannick : Déjà un relooking…(rires) Ça passe par le circuit traditionnel, on a un début de projet qui est ce qu’il est, qui tient la route. Maintenant comme tu l’as dis on va le faire évoluer, encore merci à vous pour les contacts et les conseils. On a un projet de monter un show scène, travail de live, travail de master, travail de décors, des clips. On réfléchit également à un soutien à la direction artistique.


Quel avenir pour Poisson rouge ?


Yannick : Le futur c’est de se développer. Thierry est musicien intermittent depuis 20 ans, moi je suis en lice pour récupérer mon intermittence. On est des artistes. C’est notre outil de travail, c’est notre kiff, c’est notre bébé, on y met nos tripes. Comme beaucoup on souhaite en vivre, ce n’est pas l’argent qui nous motive mais c’est une réalité qui amène une exigence et une réflexion.



Merci au duo pour leur sympathie et leur disponibilité. Vous pouvez retrouver toute l'actualité de Poisson rouge et suivre leurs prochains projets sur Facebook et sur le site internet.



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